La famille : un aéroport sans tour de contrôle !
Par Rav M.Bitton
Le premier verset qui évoque la nécessaire séparation-différenciation-autonomisation de l’être masculin vis-à-vis de sa cellule familiale d’origine, se trouve dans la Genève, chapitre 2, verset 24 :
עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד
C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
La Torah nous a raconté la séparation de la partie féminine de l’être appelé Adam harichone, le premier être. Il la nommera Icha car elle a été constituée à partir de Ich-l’homme.
Puis le texte nous rapporte la parole dite par Adam-être humain, devenu maintenant Ich-homme : l’homme doit abandonner son père et sa mère pour parvenir à s’unir avec une femme et, selon les termes de Rachi, permettre la constitution du fœtus, et c’est en cela (par cet être) qu’ils deviennent une seule chair.
Pourquoi le premier verset qui évoque la constitution du couple nous parle-t-il d’une séparation entre l’homme et sa cellule familiale d’origine ?
Réponse : Pour se construire, pour édifier son coupe et sa famille, on doit avoir une autonomie affective, émotionnelle. On doit avoir pris certaines distances avec les problématiques familiales. On ne peut pas, de manière consciente ou inconsciente, porter les valises de papa et maman, voire de papi et mamie.
Cette différenciation du soi, cette capacité d’autonomisations est fondamentale. La famille doit savoir entourer, construire et protéger ses enfants. Mais elle doit aussi veiller à leur permettre de prendre leur envol et leur donner les forces de s’assumer sur tous les plans : émotionnels, affectifs, psycho-fonctionnels….
La famille est un aéroport sans tour de contrôle. Elle doit abandonner sa propension à tout contrôler, à tout diriger. Et l’avion doit avoir un pilote qui sait d’où il vient et où il va.
L’enfant lui-même, devenu adulte doit faire sa part de travail. Et si la famille est castratrice, parce qu’elle empêche les enfants d’émerger, parce qu’elle punit d’emprisonnement familial tous les membres du clan, parce qu’elle détruit toute velléité de mouvement, l’homme devra faire ce travail.
Combien de couples sont-ils colonisés par les problématiques familiales ?
Combien de nos fonctionnements sont-ils des redondances, des répétitions inconscientes de nos systèmes familiaux ?
Combien de divorces sont-ils dus à l’incapacité de prendre des distances avec la famille, avec les valises familiales, avec les pieux mensonges du clan ?
A réfléchir….
Et bien que le verset s’adresse aux hommes, il est tout à fait clair qu’il s’applique aussi aux femmes. La Torah a ciblé les hommes car, oui, « ils prennent femme », n’en déplaisent aux fous du catéchisme égalitariste. Ils ont donc une responsabilité particulière, mais l’exigence est bien sûr adressée aux épouses. Car pour construire un couple, il faut bien deux êtres autonomes, ou en tout cas, en voie de l’être.
Vous souhaitez une réponse ?
La voici en un mot que nous développerons ultérieurement.
Exploration !
Explorez votre vie et celle de vos parents. Revenez au Berechit, à la Genèse, de votre existence pour mieux comprendre vos fonctionnements.
Evitez ce mensonge sophistiqué nommé dénégation. Ce mensonge qui consiste à croire que l’on ne doit rien à ses origines.
Les belles familles, les familles d’origine aussi, deviennent des « moches familles » parce qu’elles s’engouffrent là où il n’y pas de « mur qui résiste », là où on ne s’est pas construit, là on n’a pas acquis d’autonomie.
La suite au prochain numéro.